Prévenir vaut mieux que guérir!
Fév.. 2010Loi fédérale sur la prévention
Forum Vlasta Mercier. La Suisse est l’un des rares pays développés à ne pas avoir de bases légales lui permettant de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la prévention et mettre en place une conduite coordonnée des programmes d’envergure nationale. Le vieillissement ainsi que l’évolution médico-technologique, conjointement à l’augmentation des maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers, troubles psychiques…), font craindre une très forte augmentation des coûts des soins dans un futur très proche. Si une partie de la hausse de ces coûts est inévitable, l’autre peut être substantiellement limitée par un renforcement de la politique de prévention et de promotion de la santé. D’ailleurs, de plus en plus d’études montrent que les mesures de prévention sont efficaces et constituent un investissement bien placé.
La loi fédérale sur la prévention permettra de renforcer la promotion de la santé, la prévention et la détection précoce à tous les niveaux: Confédération, cantons, acteurs privés dans et hors du domaine de la santé. Les objectifs nationaux, définis sur la base des problèmes prioritaires en santé publique, ainsi que la stratégie du Conseil Fédéral serviront d’instruments de pilotage et de coordination. Ces mesures rendront la prévention et la promotion de la santé plus efficaces et éviteront les doublons aux niveaux national et cantonal: plus besoin de réinventer la roue vingt-six fois. Dans ce sens, la définition d’objectifs nationaux est une vraie valeur ajoutée. Les cantons restent responsables de l’exécution de mesures de prévention, mais la Confédération prévoit de leur apporter une meilleure assistance technique et méthodologique. Ce soutien par une structure nationale est nécessaire en ce qui concerne les recommandations sur les meilleures pratiques, les mesures efficaces ou les analyses coûts-bénéfices des interventions. Elle devra aussi établir les programmes nationaux permettant d’atteindre ces objectifs. Il est plus efficace de centraliser ces tâches que de les distribuer à des structures différentes comme c’est le cas actuellement. Dans ce sens, un statut quo n’améliorerait pas la coordination au niveau national.
Il est regrettable que la fonction de responsable cantonal de prévention ne soit pas fixée dans la loi, malgré le fait que tous les cantons en disposent déjà. En effet, lors de l’élaboration des objectifs par le Conseil fédéral et les cantons, les responsables cantonaux apporteraient une expertise utile pour appuyer les décisions au niveau politique et faire le lien avec le terrain. De plus, désigner un responsable par canton serait de nature à renforcer le rôle de la prévention dans notre système de santé.
En Suisse, nous manquons notoirement de données et de suivi statistique dans le domaine sanitaire. Même si le projet de loi reconnaît l’importance de l’harmonisation de la récolte de données et des registres des maladies, il ne contient que des dispositions minimales. Il est dommage de ne pas saisir cette occasion pour donner des bases solides à la construction d’un suivi harmonisé sur toute la Suisse.
Malgré un certain nombre de défauts susceptibles d’être corrigés, en entrant en matière, le Parlement acceptera une loi progressiste qui prend en compte toutes les valeurs promues par la Charte d’Ottawa.
Par cette loi, la prévention et la promotion de la santé seront mises sur un pied d’égalité avec la thérapie, la réhabilitation et les soins en tant que «quatrième pilier» de notre système de santé.
Vlasta Mercier
Présidente de l’association suisse des responsables cantonaux pour la promotion de la santé